Mise en œuvre de la santé digitale dans les soins de santé communautaire

La mise en œuvre de toute technologie dans les soins de santé communautaires est considérée comme un défi. De même, la mise en œuvre de la santé digitale présente des difficultés, et de nombreuses initiatives n’atteignent jamais pleinement leur potentiel. La pluralité des parties prenantes complique la situation, car certaines n’ont pas l’habitude de coopérer. 

La santé digitale: La santé digitale est un domaine relativement récent, généralement pluridisciplinaire. Le terme  » e-santé  » peut être défini comme suit :  » l’application des technologies de l’information, de la communication, de l’informatique et de la détection à l’ensemble des fonctions et des processus constituant la pratique et la prestation des services de soins de santé « .Si l’on s’en tient à cette définition, il est clair qu’une mise en œuvre réussie de la santé digitale implique bien plus qu’une simple technologie et inclut des parties prenantes et des processus provenant d’un large éventail de fonctions dans le domaine des soins de santé.  

La mise en œuvre de la santé digitale dépend du contexte, et les facteurs qui influent sur ces contextes sont les questions organisationnelles, l’infrastructure technologique et l’action humaine. Elle peut également être considérée comme un changement de pratique et comme une étape d’innovation des services ; cela inclut une collaboration active et une cocréation entre les fournisseurs et les utilisateurs finaux. Les soins de santé communautaires constituent un cadre encore plus complexe, rendant la mise en œuvre de la santé digitale encore plus complexe. Il existe une coopération inter- et intra-organisationnelle entre les parties prenantes. Ces parties prenantes, bien que parfois externes, entretiennent souvent une relation asymétrique en termes de pouvoir, de ressources et de connaissances.  

Relations entre les parties prenantes internes: Le personnel et les responsables des soins de santé entretiennent des relations avec d’autres parties prenantes internes : plus précisément, les patients (les utilisateurs finaux), les proches et le chef de projet e-santé. Le degré d’implication dans ces relations est élevé et actif. La relation entre le personnel de santé et les gestionnaires, d’une part, et le personnel non médical, d’autre part, est jugé à faible intensité d’implication, et ces relations sont caractérisées par la non-intégration ou, au mieux, par un mode d’intégration passif ou réactif. Le personnel non soignant n’est pas impliqué dans le processus de mise en œuvre et représente des parties prenantes souvent ignorées dans les premiers processus des projets. Le manque d’implication se traduit par un comportement contre-productif de la part du personnel non médical concernant la mise en œuvre de la santé digitale. Par exemple, les agents d’entretien ont tourné les capteurs du lit vers le mur pendant qu’ils nettoyaient, ce qui a eu pour conséquence que les capteurs ne fonctionnaient pas. 

Relations entre les parties prenantes internes et externes: Si le personnel soignant est évidemment impliqué avec l’utilisateur final lors de l’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles routines, la relation avec les proches du patient revêt une importance particulière, car la plupart des utilisateurs souffrent de démence et ne peuvent donc pas donner leur consentement éclairé. Les proches sont contactés et informés par des messages et des réunions concernant la mise en œuvre de la technologie. Le personnel de santé, y compris les responsables et le chef de projet de santé en ligne, entretient une coopération étroite avec les fournisseurs externes pendant la mise en œuvre. Dans ce triangle, les relations sont proactives, et elles cocréent à la fois la technologie et les services de soins de santé. Ces parties prenantes se rencontrent à intervalles réguliers dans les ateliers dans le cadre de leur participation au projet, mais plus important encore, elles se rencontrent continuellement tout au long du processus de mise en œuvre au sujet des écarts technologiques. Toutes ces déviations ne sont pas dues à la technologie elle-même ou à son utilisation, mais sont souvent dues à l’infrastructure technologique de la municipalité ou de la région dont le département informatique est responsable. 

Un manque de relations, ou des modes de relations passifs ou réactifs, créent des obstacles à la mise en œuvre des technologies de la santé en ligne. Toutes les relations ne nécessitent pas des modes d’intégration proactifs ou mutuellement intégrés, car certaines sont plus cruciales que d’autres. En général, cependant, nous constatons que l’importance de plusieurs parties prenantes est sous-estimée dans le processus de mise en œuvre.  

Source: Implementation of eHealth Technology in Community Health Care: the complexity of stakeholder involvement | BMC Health Services Research | Full Text (biomedcentral.com)