Maladies tropicales négligées

La lutte contre les maladies tropicales négligées est plus efficace si elle intègre la santé humaine à celle des animaux et des écosystèmes. C’est ce que révèle une grande étude menée par le CIRAD, l’IRD, l’INSERM, l’Institut Pasteur, l’ANSES et l’Université de Bourgogne Franche-Comté auprès de médecins, d’universitaires, de membres de gouvernements et d’organisations internationales de pays francophones. Ils appellent tous à une approche plus générale, One Health. Les maladies tropicales négligées concernent plus d’un milliard de personnes dans le monde. Inscrites à l’agenda des Objectifs de développement durable (ODD), elles touchent particulièrement les populations à faible revenu. L’OMS a identifié 17 de ces maladies, dont la rage, la dengue, et la lèpre. « La rage est encore responsable de plus de 50 000 décès par an, alors que nous disposons des outils pour l’éradiquer », rappelle Sophie Molia, épidémiologiste vétérinaire au Cirad et coauteur de l’étude. « La lutte contre les maladies tropicales négligées souffre d’un manque de volonté politique et de moyens. Ces maladies ont pourtant des impacts économiques et sociaux très graves, qui pourraient être évités ».

L’approche One Health relie la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes. Mais au-delà de la recherche interdisciplinaire, cette approche encourage également le développement de solutions plus générales, en créant des ponts entre les différents réseaux et secteurs à différents niveaux.

Les auteurs de l’étude recommandent notamment de :

  • Briser les silos disciplinaires : la santé humaine n’est pas la seule réponse. La pandémie actuelle de COVID-19 a montré que la médecine ne peut pas être la seule réponse à l’émergence des maladies zoonotiques, qui sont transmises des animaux aux humains. Bien que toutes les maladies tropicales négligées ne soient pas des zoonoses, certaines le sont.
  • Encourager les approches générales : penser moins en termes de maladies individuelles: Si la lutte contre ces maladies est nécessaire, elle ne doit pas occulter l’importance de mesures plus générales. L’amélioration du traitement de l’eau, l’augmentation de la couverture sanitaire universelle, le développement et la fourniture d’outils de diagnostic et de traitements de base sur le terrain contribueraient à réduire considérablement la prévalence de plusieurs maladies différentes.
  • Renforcer les actions à plusieurs niveaux : pour des solutions localisées: « Les programmes internationaux sont d’une importance capitale, ne serait-ce que pour rendre les vaccins abordables pour les populations les plus pauvres », affirme Sophie Molia. « Cependant, les stratégies de lutte contre les maladies ne peuvent ignorer la réalité du terrain. Ces stratégies doivent être adaptées aux besoins des populations locales ».
  • Développer les réseaux scientifiques : le transfert de connaissances est central pour le contrôle des maladies: Les recherches scientifiques menées au sein de ces réseaux permettent d’améliorer les connaissances sur les maladies tropicales négligées. Ces réseaux permettent également de communiquer au niveau politique sur l’importance de la recherche transdisciplinaire.
  • Améliorer la coordination entre les différents secteurs : pour des budgets partagés: Les pays anglophones d’Afrique ont été pionniers dans le lancement de plateformes interministérielles, afin de mieux coordonner les actions entre les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’environnement. Cependant, les résultats de l’étude montrent la nécessité de développer ces systèmes et de les rendre plus opérationnels dans les pays francophones.

Source: Neglected tropical diseases: support for the One Health approach | Cirad